Le Centre Hospitalier Intercommunal de Toulon La Seyne-sur-Mer (CHITS) est désormais Ambassadeur du don d’organes (ADO), comme les villes de Toulon, celle de Marseille ainsi que les Bouches-du-Rhône, premier département de France à s’engager.
Le directeur de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon, Yann Le Bras a signé vendredi 7 novembre la charte des Ambassadeurs du don d’organes, avec le Collectif Greffes+, représenté par Marie Georges, présidente de l’association France ADOT 83, et Anne-Marie Nicolle, déléguée de l’association Vaincre la Mucoviscidose.

Lancée en janvier 2023, l’initiative est suivie par de plus en plus d’établissements de santé et de collectivités. La région Sud compte ainsi plusieurs Ambassadeurs du Don d’Organes (ADO), comme le centre hospitalier de Cannes Simone Veil, mais aussi l’ARS PACA (Agence régionale de santé).
Tous se sont engagés à intensifier la sensibilisation auprès des patients, des visiteurs, mais aussi des personnels de santé. Le directeur de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon s’est dit heureux de « participer à un mouvement solidaire, national, permettant de sauver des milliers de vies chaque année ».
Respect du défunt et accompagnement
À Toulon, la démarche a été initiée par les docteurs Jacques Durand-Gasselin et Kateryne Paoli il y a plus de 30 ans. Aujourd’hui, près de 300 prélèvements d’organes et de tissus sont réalisés chaque année. L’équipe de coordination, composée de trois médecins et de six infirmières, a pour mission de recenser les donneurs potentiels d’organes et de tissus, d’accompagner les familles et d’organiser les prélèvements au bloc opératoire. « Nous recevons les proches d’un défunt et nous leur demandons d’exprimer non pas leur avis, mais ce qu’aurait souhaité leur défunt de son vivant », indique Odile Desrues, médecin coordinateur de l’équipe de prélèvement.

Carmen, Barbara, Sophie, Catherine, Blaisine et Amélie sont garantes de la prise en charge du donneur : « C’est un moment difficile, donc nous accompagnons les familles jusqu’à la restitution du corps, qu’elles donnent, ou pas, leur consentement. En cas d’accord, nous les rassurons et leur expliquons que nous allons prendre soin de leur défunt, le respecter et leur rendre le corps comme s’il avait subi une quelconque intervention chirurgicale », précise Carmen. Le patient est donc rhabillé et quasiment aucune trace du prélèvement n’apparait.
Un donneur peut sauver jusqu’à 7 vies
Le don d’organes est un enjeu majeur de santé publique, inscrit dans le plan national greffe 2022/2026. En 2024, 1 544 donneurs d’organes ont permis de réaliser 6 034 greffes en France, soit 7,1 % de plus qu’en 2023. C’est encourageant, car le nombre de personnes en attente d’une greffe progresse lui aussi et chaque année, un millier de décès liés au manque de greffons est à déplorer, malgré l’engagement des professionnels de santé, des associations et de l’Agence de la biomédecine et alors qu’un donneur peut sauver jusqu’à 7 vies, si plusieurs prélèvements sont effectués.
A l’hôpital Sainte Musse, en 2024, 102 prélèvements d’organes ont été effectués puis expédiés dans un CHU pour être greffés à un patient, l’équipe a également réalisé près de 200 prélèvements de tissu. « Nous utilisons des dons de tissus régulièrement, pour l’orthopédie, pour réparer quelqu’un qui a eu une fracture ouverte avec une perte osseuse importante, par exemple. Nous pouvons avoir besoin de vaisseaux pour faire un pontage ou de ligament pour réparer un genou », explique le docteur Odile Desrues.

Tous donneurs selon la loi
Selon la loi française, nous sommes tous donneurs, sauf, si nous avons exprimé un refus de notre vivant. Sans accord écrit, les proches sont systématiquement interrogés sur la volonté du défunt. Si 80 % des Français se disent favorables, quand ils y sont confrontés, certains ne sachant pas ce que désirait leur défunt, refusent les prélèvements. Dans le Var, le taux d’opposition est de 24 %, il est inférieur à la moyenne nationale. Même si les refus sont plus nombreux dans les Bouches-du-Rhône, la région est plutôt généreuse et permet de réduire l’attente de nombreux malades qui espèrent une greffe. Selon l’ARS PACA, 1 561 personnes étaient inscrites sur liste d’attente en juin 2025.
Sensibiliser le plus grand nombre est donc essentiel, pour comprendre, connaître les procédures car il n’y a pas de limites d’âge pour donner et il est important de faire connaître sa position sur le don d’organe. C’est pourquoi, le collectif Greffes+ a aussi lancé l’appli du Don d’organes, qui contient de nombreuses informations et permet de prévenir ses proches que l’on souhaite être donneurs.
Severine Krikorian
